Analyse prédictive : « Gouverner, c’est prévoir » ?


Article publié dans le média La Tribune par Alain Conrard, CEO Prodware

OPINION. Anticiper, prévoir, deviner l’avenir…, l’analyse prédictive a toujours fait rêver les êtres humains. Par Alain Conrard, CEO de Prodware Group

« Gouverner, c’est prévoir », dit-on. L’étymologie aussi bien grecque (kubernêtikê, de kubernân, gouverner) que latine (gubernaculum, gouvernail d’un navire) de ce mot renvoie à l’idée du gouvernail. Les mots « gouverne », « gouvernail », « gouvernement » ou « gouverneur » ont en commun cette étymologie avec l’instrument qui permet le pilotage des bateaux. Le terme est utilisé métaphoriquement en parlant de la direction d’un État ou de la « gouvernance » d’une entreprise.

Un autre mot dérive directement de kubernêtikê : celui de « cybernétique », la théorie élaborée par Norbert Wiener aux États-Unis à la fin des années 40. Cette approche nouvelle s’appuyant sur la théorie du signal et de l’information visait à développer une méthode d’analyse et de synthèse des relations fonctionnelles et des mécanismes de contrôle dans les systèmes complexes, que ce soit en biologie, en politique, en économie, en sociologie, en informatique, etc. Cette théorie a été à l’origine d’une multitude de développements directs qui, pour une large part, ont structuré l’imaginaire et la réalité technico-scientifique du monde contemporain. Pas de sciences cognitives, de neurobiologie et de neurosciences ou d’intelligence artificielle, pas d’internet, d’IoT, ni de sciences de l’information et de la communication, pas d’automatique ou de robotique sans le cadre conceptuel fourni par cette « théorie entière de la commande et de la communication, aussi bien chez l’animal que dans la machine ». Même la pensée écologique doit quelque chose à la cybernétique. La permanence du préfixe « cyber » dans le langage est d’ailleurs la trace transversale de cette empreinte déterminante de la cybernétique.

Gouverner, c’est donc tenir le gouvernail pour commander, contrôler et communiquer. Il s’agit par là d’anticiper les turbulences pour s’orienter de façon sécurisée, et ne pas être surpris lorsque surgit la tempête. Chaque chef d’entreprise doit en quelque sorte avoir le pied marin car l’évolution des marchés est devenue aussi aléatoire que celle de la haute mer. Si on parle de « capitaines d’industrie », ce n’est sans doute pas par hasard.

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